Voici la question que j'ai été amené à me poser alors que

je vivais plutôt très bien la séparation provoquée par la semaine d'adaptation de Willow chez la nounou

C'est vrai quoi. La plupart du temps, quand on demande aux mamans comment elles ont vécu le fait de devoir laisser leur enfant à une autre personne, elles nous font part de leur mal-être, leur tristesse, leur désespoir. Et moi-même, quand j'étais enceinte, ça faisait parti des choses qui me plongeait a priori dans une angoisse assez profonde. Je m'imaginais en fusion avec mon enfant, incapable de le confier à quiconque, ne pouvant passer trop de temps sans le regarder, le surveiller, en prendre soin, moi-même. C'est en tout cas comme ça, que j'imaginais le sentiment d'attachement maternelle... sans aucun doute une image modelée par mes différentes lectures et échanges avec des mamans qui en étaient passées par là avant moi et qui le ressentaient comme ça... ou tout simplement trop influencée par une caricature de la mère parfaite : "une bonne mère doit être affectée par l'absence de son enfant".

 Alors forcément, en réalisant que je n'étais absolument pas mal dans mes baskets lors de la semaine d'adaptation du nelwyn chez la nounou et durant les 4 journées complètes qu'il y a fait cette semaine, j'ai commencé à me demander si c'était bien normal et je me suis retrouvée à culpabiliser de ne pas être mal : serais-je une mère au coeur de glace ? une mère sans coeur ? car au-delà de cette absence de mal-être, c'est presque un état de soulagement que je ressens... oui vous avez bien lu et j'ose l'écrire. Alors là c'est carrément la question  : suis-je vraiment attachée à mon enfant comme je pensais qu'une mère devait l'être ???

Pour me défaire de ces angoisses, j'ai pris un peu le temps de la réflexion.

Pourquoi un sentiment de soulagement ?

Je crois que le fait d'être passé aux biberons en plus de l'allaitement y est pour beaucoup. J'étais vraiment étouffée par le besoin incessant qu'il avait de prendre le sein, si souvent et si longtemps à chaque fois, tout en étant insatisfait, en pleurant souvent, et en ne prenant [presque] pas de poids . Entre stress, angoisse, fatigue et abnégation de son corps pendant 4 mois non stop. Là, j'ai comme une bouffée d'air, je suis plus sereine. Je sens qu'il est comblé d'un point de vue alimentaire et donc qu'il ne peut pas en souffrir même en étant loin de moi, même toute une journée chez la nounou, ce qui n'aurait pas du tout été possible il y a encore 1 mois de ça. C'était donc vraiment bien de pouvoir le garder pendant ces 5 mois afin d'avoir le temps de pouvoir faire progressivement le deuil de l'allaitement exclusif. Je pense que sinon j'aurai été vraiment très mal !

Mais aussi, 5 mois ce n'est pas suffisamment grand pour avoir une conscience aigüe de la séparation, enfin je n'en ai pas l'impression. Oui il sait, il sent que je ne suis pas là, mais il est encore dans un stade où il n'est pas angoissé du moment où ses besoins fondamentaux sont comblés [faim/soif, propreté et sommeil]. C'est donc l'idéal car je sais qu'il ne souffre pas psychologiquement de mon absence et qu'en s'habituant maintenant à cette nounou et ce nouvel environnement, ça devrait être moins dur lorsqu'il réalisera.

Et puis, plus inconsciemment, plus fondamentalement. Sans doute aussi, ce sentiment de plus de légèreté provient du fait que pendant qu'il est chez la nounou, je sais qu'il ne sert à rien de s'inquiéter pour lui pendant cette période puisqu'il est sous la responsabilité de quelqu'un d'autre en qui j'ai toute confiance. Cette situation me permet alors de relâcher, pour plus d'une demi-journée, la pression constante que j'ai quand je l'ai avec moi. Je sais que c'est une question de personnalité. D'autres mamans le ressentent et le gèrent différement. Mais l'analyse que j'ai été amené à faire sur moi-même ces derniers jours m'a permit de réaliser ça. A quel point je me mets la pression quand il est là. Inctrôlable, souvent inconscient, un poids incommensurable s'installe sur mes épaules, que je mets toute mon energie à porter, à soulever, à repousser... pour lui, mon bébé, mon fils... Ce poids ne m'écrasera jamais totalement, au pire quelques fois je ploie et pleure un bon coup, mais je sais que quelqu'il soit, j'aurai la force de le maintenir [même s'il faut en passer par de l'agressivité et de l'exigence extrême envers ceux qui m'entoure... pauvre Squalou]. C'est finalement ça être mère et d'en prendre conscience me rassure sur mes capacités et mon coeur de maman ^^. Mais alors, quand je peux ou que je dois confier mon enfant à quelqu'un d'autre [et à partir du moment où j'ai confiance bien entendu], ce poids se fait moins lourd. Il est évidement toujours un peu là, mais il se fait plus léger... Je prend alors le parti d'en profiter pour refaire mes forces, pour me requinquer, pour respirer à plein poumon, comme on sort la tête de l'eau après une très longue apnée.

Mais comme dans la piscine, on replonge avec autant de plaisir... alors même si j'ai un petit coup de blues sur le chemin du retour à la maison le matin avec la poussette vide et que je suis ensuite pleine d'entrain toute la journée, je suis toujours impatiente pendant le trajet du soir, heureuse de le retrouver et de m'en occuper avec tendresse jusqu'au coucher.

Bref, je sais que c'est positif pour lui et pour moi. Je suis plus facilement à 100% avec lui le reste du temps. Grâce à ça, nous irons bien tous les deux :)

vous avez vu ?! on verrait presque qu'il a des cheveux non ? ;)