• Si elle était encore là

    Si elle était encore là

     

    Peut-être qu'elle aurait continué à me mener la vie dure : cassante et méprisante quand j'en attendais un témoignage de bonheur ou de fierté, douce et compréhensive quand j'en attendais de la dureté et du mécontentement... Jamais sur la même longueur d'onde. Une relation mère-fille douloureuse et destructrice.

    Mais peut-être pas... il me semblait qu'à l'approche de la fin, elle avait compris certaines choses au fil de nos dernières discussions, avait lâché du lest... moi-même j'avais réussi à prendre de la distance, à me protéger un peu mieux de son jugement, à m'éloigner de son ombre maternelle qui n'a eu, semble-t-il, qu'un seul but... nous armer à son départ pour affronter la vie telle qu'elle l'a vécue : cruelle et sans pitié. Même si nos caractères sont très proches (certainement modelé à son image par son éducation), elle n'avait pas du tout ma sensibilité... d'où les ravages et les éclats.

    Je sais qu'elle aurait été immensément fière lors de ma soutenance de thèse, car finalement c'était son idéal à elle que j'ai suivi sans m'en rendre compte. Elle cotoyait les chercheurs et les vénèrait presque. Pour elle, ils représentaient le summum de la réussite. Leur intellect la fascinait. Et sans aucun doute n'aurait-elle pas du tout cautionné mon choix de ne pas poursuivre dans ce domaine. Elle n'aurait pas compris.

    Mais peut-être que si... Par l'autonomie financière et émotionnelle acquise via mon mariage, peut-être que j'aurai su lui faire entendre mes arguments et ma position... j'aime à y rêver même si, du coup, plus rien ne m'empêche de ressentir la tristesse du vide qu'elle a laissé.

    Après son départ, j'ai fait mon deuil en me persuadant que c'était dans l'ordre des choses : vivre sa vie de manière autonome, être adulte sans avoir plus besoin de ses parents, prendre son envol, couper le cordon. Les parents partent avant les enfants... rien de dramatique finalement.  Même pendant ma grossesse, j'ai très peu souffert de cette absence.

    C'est seulement maintenant, depuis quelques semaines, quand j'observe mon fils, que je réalise son existence, que je le vois grandir et évoluer, que je me rend compte de tout ce qu'il représente... c'est maintenant que les larmes me montent très souvent aux yeux et qu'elle me manque douloureusement.

     

    *****

     

    Parce que, je suis sûre qu'

    Elle serait dingue de son petit fils

    Elle aurait été là dès le premier instant à la maternité, certainement même pour me soutenir pendant le travail

    Elle m'aurait fait part de son expérience d'allaitement que j'ai inconsciemment mystifié

    Elle le pourrirait de cadeaux

    Elle viendrait le voir au moins une fois par semaine, ferait la baby sitter à la moindre occasion

    Elle m'appelerait pour connaitre les moindres détails, se réjouirait de la moindre anecdote.

    Elle respecterait nos choix d'éducation, m'appuyerait dans mon rôle de mère

    Elle aurait été une grand-mère formidable.

    Mamie NANANE

     

    Je n'ai aucun doute là dessus.

    Je n'ai personne pour la remplacer

    C'est un gouffre dans ma vie, je le sais désormais.

     

    *****

     

    Si elle était encore là

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 1er Novembre 2011 à 09:31

    Article très touchant... je sais combien il est dur de vivre sans un des pilliers de notre vie, surtout à l'heure où nous sommes nous même Maman et qu'on a tant de choses à partager!

    2
    Cathy Tardi
    Mardi 1er Novembre 2011 à 11:27

    Le titre de votre post m'a fait venir sur votre blog : ce texte, j'aurais pu l'écrire mot pour mot tant il est le reflet de mon histoire aussi. Une relation mère-fille difficile, et je suis malheureusement sure que pendant ma grossesse et mes premiers pas de maman, elle ne m'aurait pas épargnée. Oui mais, comme vous, elle est partie trop tot. Et en regardant mon petit bonhomme j'ai du mal à accepter qu'elle n'ait pas eu le bonheur d'avoir enfin un ptit mec dans sa vie, elle qui rêvait d'avoir un garçon, et que lui ne connaisse pas les calins d'une mamie aimante car malgré nos relations difficiles, elle aurait été folle de ce petit bonhomme. Depuis son départ, des années avant l'arrivée de mon fils, j'ai l'impression d'avoir été amputée d'un membre. J'ai heureusement une belle-mère formidable et mamie gateau à souhait, mais il n'en aura qu'une. Et j'ai l'impression que même si nous compensons comme nous pouvons, il lui manquera quelque chose. Peut être parce que, à moi, il me manque quelque chose : ELLE. Merci d'avoir le courage de mettre ces sentiments en mots, de manière délicate et sincère.

    3
    waouuhh
    Mardi 1er Novembre 2011 à 12:08

    Très beau texte pour ta Maman, ton ressentie est touchant, il nous manque tjrs une partie de la vie pour être bien, mais cet hommage te rend plus grande et tu as su dire les beaux mots et en avoir conscience quelle merveille, courage eb ce jour difficile !!!!

     

    Bises

     

    Sylvie

    4
    Mardi 1er Novembre 2011 à 13:01

    Merci de ton témoignage Cathy et de votre soutien.

    La tristesse est d'autant plus forte qu'elle m'avait avoué quelques jours avant sa mort que c'était la seule chose qui lui donnait une impression de vie inachevée... ne pas avoir pu vivre cette expérience d'être grand-mère. Elle m'avait d'ailleurs demandé si j'étais enceinte à l'époque et avait été soulagé quand j'avais répondu par la négative... ça aurait été trop dur sinon pour elle de savoir qu'elle ratait cette rencontre de si peu. J'aurai toujours le souvenir de son regard brillant accompagnant ses paroles et ça me hante.

     

    5
    BianK
    Mardi 1er Novembre 2011 à 13:12
    Coucou ma grande belle Soeur. Très très touchant effectivement ton blog au sujet de ta maman. C est bizarre mais malgré le fait que je ne l ai pas connue j ai l impression grâce à tes différents post à son sujet que je la connais un peu. Je regretterais toujours de ne pas avoir eu la chance de la connaitre mais c est comme Ca on ne peut malheureusement pas revenir en arrière. Je sais qu on ne peut pas la remplacer mais en tout cas n hésites pas si tu en ressens le besoin d en parler on est la moi et Pierrot et vous venez à la maison quand vous voulez tu le sais <3 gros bisous de ta petite belle sœur.
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    6
    cousine stéphanie
    Mardi 1er Novembre 2011 à 13:44

    Quel beau témoignage, j'en ai encore les larmes aux yeux ... ta mère était pour moi quelqu'un de très important que j'admirais beaucoup... une forte personnalité qui effectivement quelle que soit votre relation doit laisser un grand vide... bisous cousine

    7
    Mardi 1er Novembre 2011 à 15:48
    fleur007

    ton texte est très touchant..

    Je sais bien combien le manque d'une maman peut être difficile à vivre, même quand la relation était très tendue et compliquée..

    Ma mère aussi a su être dure et cassante et nous n'avons plus aucun échange depuis plusieurs années.

    J'espère que tu sauras trouver ton équilibre et t'entourer des personnes qui sauront te rendre heureuse car tu le mérites.

    Bises

    8
    Mardi 1er Novembre 2011 à 16:08
    MissBrownie

    Pas facile... En effet, tu ne peux malheureusement qu'imaginer la grand-mère qu'elle aurait été.

    Je pense souvent à la meilleure amie de ma maman qui n'a pas eu la chance de connaître ses petits enfants, partie bien trop tôt. Elle aussi aurait été une mamie formidable. Elle continue de nous manquer même 6 ans après.

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